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Photo du rédacteurRomane Carlin

Psychothérapie ou coaching ?

Dernière mise à jour : 14 déc. 2024


La lettre grecque PSI qui symbolise la psychologie

On me demande souvent si je pratique le coaching, pourquoi je ne propose pas la spécialité « coaching », quelle est la différence entre psychothérapie et coaching, comment choisir entre coaching et psychothérapie… Bref : Psychothérapie ou coaching ? Ces questions sont légitimes, car la psychothérapie et le coaching visent tous les deux l’amélioration en passant par un cheminement personnel et utilisent certains outils en commun.

On peut considérer aussi que la psychothérapie inclut une part de coaching, et qu’il est bon d’avoir un peu de psychologie pour être un coach efficace. Pour le reste, il existe des différences fondamentales. A mon sens, la plus importante tient au positionnement de la personne bénéficiaire au sein du dispositif qui lui est proposé, avec pour conséquence des effets différents sur la globalité de sa vie.

Pour résumer par une image, le coaching serait un trajet en taxi ou en covoiturage dont vous êtes le passager et dont le conducteur choisit le parcours avec la seule préoccupation d’arriver le plus rapidement possible à la destination souhaitée (c’est ce que l’on attend d’un taxi ou d’un covoiturage), la psychothérapie serait un voyage dont vous choisissez le parcours et que vous effectuez en compagnie d’un guide, qui ne vous impose pas ses choix mais vous aide à découvrir les lieux et les aspects les plus intéressants. Dans les deux cas, vous partez du même endroit et vous arrivez à la destination que vous avez choisie, mais entre ces deux moments, la route, les étapes, les moyens utilisés, les paysages traversés, les émotions ressenties, auront été différents. L’un des parcours s’arrêtera au résultat obtenu et vous aurez atteint la destination souhaitée, ce qui est le principe d’une course en taxi ou d’un trajet en covoiturage, tandis que l’autre vous aura fait découvrir des paysages susceptibles de produire des sentiments/ressentis imprévus, ce qui est l’un des buts d’un voyage. Comme pour toute entreprise, avant de se lancer, il est donc essentiel de définir son besoin, évaluer les bénéfices attendus et leur durabilité, déterminer le temps que l’on veut ou que l’on peut y consacrer (y a-t-il une date butoir ?) et envisager les conséquences possibles autres que la seule réalisation de l’objectif.

 

Changer de vie, changer sa vie

 

Commençons par rappeler ce que signifie le terme coaching, car les mots sont porteurs de sens et connaître le sens des mots est essentiel en psychothérapie.

Coaching est un terme franglais qui, comme de nombreux anglicismes, dérive d’un mot français importé dans la langue anglaise, anglicisé, et qui est revenu modifié dans notre langue. Coachman (qui a inspiré le verbe coaching d’abord réservé au sport) est la traduction anglaise du nom français cocher, l’homme qui conduisait un fiacre, un véhicule tiré par un cheval, l’ancêtre du taxi. Le travail d’un cocher, comme aujourd’hui celui d’un chauffeur de taxi, consistait à conduire un passager d’un endroit à un autre. J’insiste sur le verbe conduire, car il recouvre ici deux fonctions : le cocher/chauffeur de taxi conduit à la fois son véhicule et son passager. Il prend en charge un client à un endroit précis, prend connaissance de la destination souhaitée, ne demande pas au passager pourquoi il veut se rendre à cette destination et ne donne pas son avis sur cette destination (tout ça ne le regarde pas), mais c’est lui qui choisit le parcours parce qu’il est censé connaître le meilleur et le plus rapide, et arrivé à destination, il dépose le passager et ne s’occupe plus de lui (de l’avenir de celui-ci).

Pour définir en quoi consiste une psychothérapie, j’utilise le terme accompagnement. Accompagner quelqu’un consiste aussi à emmener une personne d’un endroit à un autre. D’un point de départ, qui existe, à un point d’arrivée, qui n’existe pas encore dans la vie du patient et qui est celui auquel il souhaite parvenir. Mais je ne conduis pas le patient, je l’accompagne.

Dans le coaching, le client travaille sur une part de lui-même (un talent sportif ou artistique, une compétence professionnelle, son image/apparence, un comportement social) en appliquant les conseils donnés par le coach et en utilisant les outils fournis par celui-ci : le client est dirigé (conduit) par le coach vers l’objectif qu’il lui a désigné. En psychothérapie, la personne travaille sur l’entièreté de sa personne et par elle-même en exploitant des ressources internes que le psychothérapeute l’aide à identifier et maîtriser : elle est guidée (accompagnée) dans son voyage intérieur et découvre des aspects de sa personnalité (lieux intérieurs) qu’elle n’avait pas déterminés à l’avance.

En coaching, on optimise une ou des parties de soi en appliquant des programmes élaborés (dirigés) par des spécialistes dans une discipline ou dans un domaine précis (training sportif ou professionnel, gestuelle, expression orale, apparence ou relooking…) pour aboutir à un résultat précisément défini au départ : on change de vie en changeant une ou plusieurs facettes de soi très précisément identifiées (on se trans-forme).

En psychothérapie, on identifie les besoins éventuellement inconscients (diagnostic) et on mobilise l’entièreté de ses ressources propres (savoirs et capacités innées, énergies, potentiels, émotionnelles) que l’on découvre avec l’aide du guide, avec des effets qui dépassent parfois l’objectif défini au départ : on change sa vie (on se re-forme), on accède à une partie de soi à laquelle nous n’avions pas ou pas encore eu accès.

Dans la plupart des cas, le coaching vise un succès précisément et strictement défini, concret, visible, quantifiable en focalisant le travail sur l’objectif et/ou ses effets manifestes (physiques). La psychothérapie vise à l’amélioration ou au changement d’un état (angoisse, douleur, mélancolie, dépression, mésestime de soi) à un autre (sérénité, résilience, joie, estime de soi, confiance, équilibre) en travaillant sur le moi intérieur et sur l’inconscient. Ainsi que le disait Carl Gustav Jung : « tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous appellerez cela le destin ».

 

Processus externes, ressources internes

 

Le coaching intervient ainsi sur des aspects précis et conscients (comportements, apparence) pour les modifier directement en utilisant des processus externes. La psychothérapie modifie les réactions (par exemple de type émotionnel) en aidant à la personne à identifier et utiliser ses ressources internes, ce qui entraîne des modifications de comportement.

Le coaching vise à être le meilleur à un moment et dans un contexte précis : remporter une compétition, obtenir un poste important, réussir une audition, être remarqué en société, séduire (les politiciens font du training pour briller en débat, parler en public, séduire les électeurs). La psychothérapie vise le mieux-être dans toute sa vie et tout le temps, sans chercher à être au sommet à un moment donné ou dans un contexte précis.

Un sportif de haut niveau trouve le bonheur et réalise sa vie à travers la victoire, un artiste dans la notoriété, d’autres personnes cherchent le bonheur dans l’équilibre global et l’ensemble des moments de leur vie quotidienne.

A ce stade de comparaison, on voit déjà que l’une des deux démarches (psychothérapie ou coaching) n’est pas meilleure que l’autre en soi, mais qu’elles visent des objectifs différents à la fois dans la définition initiale des objectifs, et dans les effets des moyens utilisés.

On voit aussi que le coaching possède une dominante physique (action), ce qui est cohérent avec l’origine du mot (le coaching était réservé à l’origine au domaine du sport), tandis que la psychothérapie relève du psychique (d’où sa racine psycho).

Un coaching vise à modifier (améliorer) directement un ou plusieurs aspects concrets et/ou visibles de la personne elle-même ou de ses comportements pour parvenir à un changement précisément déterminé à l’avance. Même si l’on désire un changement global, on l’obtient en passant par une addition de changements de détail : optimisation d’un potentiel sportif, d’un talent, d’une compétence professionnelle, valorisation de l’image, de l’élocution, de la gestuelle. On vise à devenir un « autre » en changeant une ou plusieurs facettes de « soi ». On fabrique un nouveau soi ou une nouvelle apparence de soi en modifiant des parties de soi ou de son apparence. Un coaching vise souvent à composer une image de soi (paraître plus beau, plus fort, plus brillant, plus remarquable), donc à afficher un résultat extérieurement visible.

Un accompagnement psychothérapeutique vise à passer d’un état plus ou moins diffus, un ressenti général (mal-être, angoisse, émotion, douleur, sentiment, doute, complexe d’infériorité, questionnement…) ou dont on éprouve des difficultés à définir précisément la cause, pour accéder à un autre (sérénité, bien-être, résilience, estime de soi, confiance, réponses…) en restant soi-même : on libère le moi intérieur, on se fortifie en retrouvant nos (res)sources propres sans viser particulièrement une performance ou un changement précis ou extérieurement visible.

Dans les faits, l’entourage d’une personne qui a réalisé une psychothérapie se rend compte que celle-ci « va mieux », mais ce constat visible est une conséquence, pas un objectif : on cherche le bien-être pour aller mieux soi-même, pas pour le montrer aux autres.

Nous avons vu que le coaching intervient sur les effets en modifiant des aspects visibles ou mesurables (performance, apparence, comportements) en les optimisant ou en les remplaçant par d’autres, tandis que la psychothérapie intervient sur les causes, en remontant à l’origine des états, au moi profond de la personne et à l’inconscient. Cela entraîne aussi des conséquences différentes.

 

But premier, but ultime

 

Dans le coaching, le client arrive avec une demande précise, le coach détermine le parcours le mieux adapté pour satisfaire cette demande, ce parcours commence à la fixation de l’objectif et il s’arrête à sa réalisation. Il n’y a pas d’avant ni d’après. Tout est focalisé sur la réalisation de l’objectif précisément déterminé et sur lequel on ne revient pas.

En psychothérapie, on amène la personne à identifier son objectif ou pourquoi elle s’est fixé cet objectif, c’est-à-dire à cause de quoi et dans quel but ultime (un but dont elle n’avait pas forcément conscience), et si cela semble utile, on redéfinit ou on affine l’objectif sur la base de cette réflexion ou en fonction de l’évolution de la personne durant sa thérapie. On amène la personne à identifier les ressources internes adéquates et à apprendre à les mettre en œuvre, afin qu’elle puisse choisir elle-même les options les mieux adaptées à sa personnalité. Enfin (et en cours de route), on évalue l’ensemble des effets (directs et indirects) que la réalisation de l’objectif sera susceptible de produire, et on y prépare la personne en lui proposant des outils pour gérer son futur. Le parcours commence (remonte) en amont de la thérapie et il anticipe l’avenir.

Parce qu’elle s’adresse à l’entièreté de la personne (toutes ses ressources et ses aspirations), la psychothérapie peut éventuellement produire des résultats similaires à ceux d’un coaching. En libérant les potentiels après avoir travaillé sur l’angoisse, l’estime de soi, l’identification de ses capacités..., c’est-à-dire en faisant sauter les verrous qui inhibent nos aspirations et nous font croire que nous n’avons pas le droit de vivre nos aspirations (parce que nous n’en serions pas capables), une psychothérapie peut déboucher sur la réalisation de performances dans tous les domaines. Mais c’est l’une de ses conséquences possibles, pas un objectif prédéfini. Cela fait partie des bénéfices inattendus ou pas précisément recherchés, qui peuvent émerger grâce au voyage réalisé durant une thérapie.

Par exemple, une personne qui a (re)trouvé son équilibre psychique (émotionnel, estime de soi, confiance…) au cours d’une psychothérapie, se sentira par la suite plus à l’aise dans ses interactions sociales (positionnement, insertion, communication, gestuelle, présentation). Elle se sentira meilleure, plus forte, plus séduisante. Pas forcément « la meilleure » dans un contexte précis, mais dans le « mieux-être » en général. Elle osera poser des actes qu’elle s’interdisait auparavant (prendre soin de soi, valoriser son apparence physique et vestimentaire, prendre des initiatives, prendre la parole en public, faire du sport, s’amuser, danser, participer à des moments de convivialité, apprendre à dire non…)

 

Combien de temps ?

 

La question de la durée d’une thérapie m’est également souvent posée. Elle se pose moins en ce qui concerne le coaching, car les échéances sont généralement liées à des dates connues dès le départ : compétition, entretien professionnel, élection, durée du programme établi par le coach, dates de début et de fin d’un stage ou un séminaire de groupe.

Dans une psychothérapie, l’accompagnant peut proposer une estimation de durée (un nombre de séances indicatif) sur la base du diagnostic établi lors du premier entretien, mais ce nombre n’est pas immuable et ce n’est pas obligatoire. Il pourra être augmenté à la demande du patient ou sur proposition du psychothérapeute mais sans obligation pour le patient, car il n’y a jamais de contrainte en psychothérapie, et il pourra être réduit sur les mêmes bases. Il n’y a pas de timing imposé par une échéance ou un programme établi, la durée totale et le rythme (nombre et fréquence des séances) sont adaptables, et la notion de continuité est assurée même si le patient décide de revenir longtemps après, car c’est l’entièreté de la personne qui est au centre de la psychothérapie dans toutes les dimensions de sa vie et pas ou pas seulement un événement spécifique lié à une date précise.

Pour conclure, voici quelques questions que je vous invite à vous poser très sincèrement si vous pensez devoir choisir entre un coaching et une psychothérapie :

- Est-ce que j’ai un objectif clairement identifié et quantifiable (performance, apparence…) ou est-ce que mon besoin est diffus (état émotionnel, sentiment…) ?

- Est-ce que je suis certain de vouloir viser précisément l’objectif que j’ai identifié ? Qu’est-ce que j’attends de sa réalisation ? (Conséquences sur ma vie future, mon but ultime…).

- Est-ce que ma priorité consiste à (dé)montrer quelque chose de précis aux autres, ou est-ce que je veux me connaître moi-même ?

- Est-ce que je sais précisément ce que je dois/veux changer dans ma vie et sur quoi agir, ou ai-je besoin d’aide pour identifier mon besoin et mes ressources ?

- Un changement circonscrit et rapide suffira-t-il à satisfaire mon objectif de vie ou résoudre une difficulté ?

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